Le patron du petit resto vers chez moi nous salue régulièrement d'un "eh cousins !" accompagné d'une poignée de main franche et chaleureuse.
Rapide des fois, malgré qu'il nous aime bien il vérifie si sa montre est toujours à son poignet.
On est des voyageurs pour lui, les préjugés ont la vie dure.
Ses "eh cousins" amicaux lui font revivre des années de bistro dans une ville de rattachement.
Il entendait ça toute la journée.
Comme je me sens foraine avant tout, cette expression m'énerve souvent.
Et pourtant...
Au mariage de mon cousin (euh oui ), Gérard me gratifie d'un " tu va bien ma cousine ? "
Au delà de cette formule passe partout me voilà vitesse grand V à tirer dans ma mémoire la ficelle qui me relie à lui.
Je reprend mon écheveau familial coté maternel, j'y retrouve effectivement mon cousin Gérard, cousin adoptif mais cousin véritable puisque fils de cœur du cousin germain de ma mère.
Vous me suiviez ?
Mais j'y pense ?... Gerard: mari de Nenette ...Nenette: petite cousine de Christian...moi: femme de Christian ... effectivement Gérard c'est aussi mon cousin par mariage !
Vous me suivez ?
Jusque là moi je suis.
Ma soirée ne fait que commencer.
En présentant Christian à des amis (cousins de ma belle-sœur) ceux-ci nous font remarquer que mon amoureux est de la famille de leur cousine germaine (pas GERMINE faute de français voyageuse à la réputation tenace).
Ouh-la-la ...ça sent la consanguinité ce méli-mélo.
Vous savez bien que le monde forain est fermé sur l’extérieur ? Non les préjugés ont la vie dure.
C'est beaucoup plus simple que cela: qui se ressemble s'assemble !
Pas facile pour un jeune d'entretenir une relation amoureuse avec une fille sédentaire croisée pendant les 8 jours de foire.
Quand aux filles dont les parents garantissaient la virginité en dot, valait mieux connaitre le moineau liaveur et sa généalogie.
De plus ils sont rare les gadjés qui acceptent notre style de vie.
Alors la chasse, le fréquentage, le flirt, le lichage, la cour, forcement c'est entre petits, petits-petits, petits-petits-petits cousins de la grande famille des forains qui est la notre.
D'un coté nous en reconnaissons quelques avantages.
Il est plus facile de se présenter aux collègues inconnus, le lien de parenté vite étudié fortifiant notre sentiment d'appartenance à la même fraternité.
Que le lien soit réel ou pas.
Je rencontre souvent des "cousins" se vantant d’être le neveu ou beau-frère du "Marcel" de la grande Roue...
J'en ai même connu un, neveu de mon oncle par alliance mytho ,qui me traitât de menteuse parce que j'insistais à lui confirmé être la nièce du "Marcel" de la grande Roue.
Vous me suivez toujours ?
Je vais tenter d'expliquer ça à mon copain restaurateur.
Sinon on ne renie pas sa race.
Ah LA FAMILLE !
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