Ceux qui lisent mes chroniques connaissent ma façon de raconter le monde forain.
La vérité des fêtes foraines vue avec humour et ironie.
Tantôt des mots ouverts à tous les curieux, tantôt des histoires vécues inavouables passent sur les touches de mon ordi.
Vous en rigolez, vous croyez y reconnaître votre belle-sœur ou ce débranlé de Jojo.
En tout cas " les petites chroniques de la foire " émeuvent chacun qui les parcours de manière différentes: le rire, les larmes ou la colère.
Les gadjés, les paysans, les sédentaires, les raclés, les amoureux de la foire, les CDM qui feront carrière chez nous, bref l'autre partie de mon lectorat, ceux qui lisent mes papiers les yeux écarquillés d'étonnement :
C'EST A VOUS QUE JE M'ADRESSE AUJOURD'HUI
J'ai peine ce matin à écrire rigolo .
J'ai mal à ma fête foraine.
J'ai mal à mon avenir comme à celui de mes enfants.
J'ai un poignard planté dans le dos mais je dois faire bonne figure.
Je ne suis rien...je ne représente rien à l'échelle des français...je suis une fourmis travailleuse bientôt écrasée par le pouvoir destructeur accordé aux municipalités ambitieuses.
Savez-vous chers lecteurs avec domicile fixe que rien qu'en 2015, 84 communes ont supprimé/déplacé/remplacé le gagne-pain de familles qui exploitent leur métier d'amuseurs dans une tournée inscrite au calendriers depuis leurs grands-parents ?
Qu'aucune fête nouvelle ne se créait ?
Savez-vous que la suppression d'une foire petite ou grande entraîne d'autres déconvenues, comme si la perte de revenus n'en est déjà pas catastrophique ?
Où stationner la caravane quand la prochaine foire ne sera que dans 15 jours ?
Parce que sous nos airs d'hommes et de femmes des cavernes nous avons besoin d'électricité (payante), d'eau (payante), d'un égout ou couler les eaux usées, que les enfants seront "encore" déscolarisés, que le rendez-vous du petit chez l'ophtalmo prit depuis 3 mois sera repoussé...
Savez-vous ce qu'il advient des patelins où nous ne mettons plus les cales de nos métiers ?
Ces patelins se meurent.
La jeunesse déserte le couvre-feu-ville-morte-à-19 heures, s'installent ailleurs ou perdurent pharmacie et boucher.
Savez-vous que le droit de place sur le domaine public donc nous disposons est révocable à tout moment?
Savez-vous que les fêtes foraines sont remplacées par des associations à but non lucratif (sans charges fiscales) subtilisant ainsi le revenu des forains ?
Pas sur que vous aimeriez vous voir remplacés dans vos fonctions par des stagiaires non rémunérés.
Savez-vous que l'accès à la propriété nous est tolérée uniquement en contrepartie d'une sédentarisation forcée ?
Ne nous est pas donné le droit de vivre sur notre terrain avec notre caravane et nos remorques/camions de travail. La loi ALUR a du plomb dans l'aile.
Savez-vous qu'il existe une différence entre "les gens du voyage" et les "fêteux" ou "fêtiers" ?
Que mis à part la caravane et ce débranlé de Jojo, la ressemblance s’arrête-là.
Savez-vous que ce monde n'est pas fermé aux étrangers ?
Il a simplement peur de perdre ses repaires.
Je vous parlais du pouvoir destructeur accordé aux municipalités ambitieuses.
J'ai du mal à mon travail quand celui-ci est relégué dans un terrain boueux, crasseux,éloigné, voir inondable.
Monsieur le Maire souhaite une stèle en hommage aux pigeons morts pour la commune sur la place des fêtes, ça passera par l'éjection du village forain.
Dans le fond, pourquoi se priver d'un joli monument recouvert de fientes (les pigeons viendront s'y recueillir) pour laisser vivoter une profession non protégée par le droit du travail ?
Savez-vous que la manifestation et le blocage des cites sont notre unique moyen d'action face à la porte close de "la maison du peuple" ?
Nous recevons notre congé sans solde par lettre simple, avec moins d'égard qu'un salarié viré pour faute grave.
Bien malgré nous le monde forain va rentrer en résistance.
Et malgré moi j'irais défendre les acquis qui ne m'ont jamais été reconnus.
Amis lecteurs, vous qui aviez jusqu’à maintenant une tendresse pour les souvenirs que vous procurait la vision des manèges: regardez la vérité en face ...
Nous allons disparaître !
La faute à qui, à quoi ?
A nous qui parfois sommes indisciplinés ?
Mais quand l'enfant fait des bêtises on le gronde, on ne le tue pas ?
A l'évolution et la modernité ?
Il nous est possible de faire avec.
Savez-vous qu'une grosse métropole mobilise toute notre attention actuellement ?
Ici point de stèle commémorative pour délocaliser 183 familles avec registres du commerce.
Les pigeons c'est nous et point d'hommage ne nous sera rendu.
Juste (ou seulement) la mégalomanie d'élus normands cherchant à inscrire leur nom dans le béton.
Qui, si l'affaire est faite donneront le signal de notre extermination à d'autres (petites et grandes) municipalités encore légèrement conscientes de notre précarité.
J'AI PEUR.
Acculés dans la cage et en dangers de tout perdre nous sortirons les griffes, les crocs, et le DÉSESPOIR.
Rien n'est rigolo là-dedans.


1 commentaire:
bravo encore une fois tres juste
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