vendredi 15 juillet 2016

Episode 57: Ma nounou d'enfer



Le son est coupé, le silence tout doucement s'installe.

On entend juste quelques grincements de machines à vider et le calme sourd ressurgi après la tempête sonore de la foire.

Sortant d'un sommeil de plomb, l'armée de petits zombies aux cheveux hirsutes et tututes en avant reconnait aussitôt le moment du retour à la caravane.

C'est ainsi depuis des générations, le bruit du travail parental nous endort, le silence nous réveille.

La berceuse des boum-boum-boum et des "à tout les coups on gagne" nous enchantent, les cris d'horreur venant du train fantôme nous plongent dans les bras de Morphée.

De la maternité au couffin posé sur le plaban jusqu'à l'entrée en primaire ,nous ne connaîtrons pas la crèche.

Nous connaîtrons les boniments par cœur, tendres mantras relayés d'un micro à l'autre.

A défaut de compter les moutons, Jolie Lou (2 ans) allongée dans son parc compte les peluches manquantes de la baraque, Maxime(4 ans) installé dans le centre du manège comprend la mécanique du carrousel, Izzie et Robbie (3 et 5 ans) nichés entre 2 vitrines surveillent les clients indélicats des cascades.

En attendant de ramasser les tickets ou de savoir tourner une crêpe, les biberons se prendrons dans le stand, sans choquer personne.

Moi aussi J'ai dormi sous le comptoir de la caisse du petit manège les gros dimanches de mon enfance.

J'ai dormi sur le sol de la caisse du skooter les samedis soirs après le feu d'artifice.

C'est une ambiance formidable, que peu d'enfants sédentaires connaissent.

Qu'importe s'ils veillent tard, qu'importe si demain c'est école. Seule compte la voix de leur parents qui tiennent le métier.

A 50 ans j'ai encore besoin d'un bruit de fond pour m'endormir.

Je m'imagine redevenue petite fille, recroquevillée aux pieds de ma mère, un dimanche qui s'éternise, ma mère qui bosse depuis des heures...

C'est un doux souvenir.

... Je m'endors