Depuis que ma baraque de crêpes a perdu ses roues juste a coté du manège sédentarisé de mon amoureux et que notre caravane prend racine en terrain, je fréquente énormément de gadjés.
Des gadjés en pagaille, des clients ,des fournisseurs, des voisins, des commerçants de mon quartier et des amis choisis.
Le dimanche soir au lieu de démonter mon métier sous les jurons-injonctions d'un mari-patron énervé, je sirote un mojito en compagnie de mes potes non nomades.
J'ai un peu l'habitude des conversations mixtes, quand 2 mondes tentent de communiquer dans la même langue sans se comprendre vraiment.
Comme un cousin bourré qui voudrait apprendre la vie à un abstinent "chrétien-baptisé", les mots pourtant audibles ressemblent à du charabia dont le sens évident échappe aux intéressés.
Donc, régulièrement le dimanche soir je sirote mon mojito et bois de manière attentive les palabres de chacun des invités autour de la table.
Des années de sous estimations foraines (enfin pour ma part) aidant, j'écoute tout un tas de points de vue sédentaires qui me passent quelques fois au dessus de la tête.
Puisque sachant nous fondre dans la jungle urbaine sans nous faire remarquer, mon amoureux&moi opinons de la tête ou rions en cœur quand le moment s'y prête.
Pourtant nos hôtes Marc&Sophie sont sympas. Ils essayent de nous mettre à l'aise avec des sujets que nous pourrions avoir en commun.
Après tout... nous sommes des commerçants, des électeurs, des bons vivants comme eux ?
Mais peut-on sincèrement mélanger les torchons et les serviettes ?
J'ai appris depuis toujours chez les voyageuses qu'on ne lave pas dans la même eau les essuie-mains et les essuie-culs...(surement avant l'arrivée des machines a laver dans les camping).
Marc&Sophie ne sont ni l'un ni l'autre mais les préjugés des gadjés m'étonneront toujours.
L'apprentissage de nos "us et coutumes" s'avère long. C'est pas faute de vouloir comprendre notre façon d’être.
Je trouve que nous sommes assez tolérants mon amoureux&moi, ce qui n'est pas le cas de la copine-invitée-arrivée-éméchée de Marc&Sophie.
De l'autre coté de la table, l'antipathique copine-invitée-arrivée-éméchée dégueule un "c'est des manouchhhhes" digne d'un bon français des années Pétain, afin de justifié une histoire de jambon en charcuterie (je ne développe pas je n'ai rien compris non plus...) avec qui elle s'est prise la tête au boulot chez Leclerc.
Moi au bout d'un mojito je suis déjà bien moins tolérante que mon amoureux qui ne suit pas cette conversation.
- C'était pas des Roms ? (que je demande un peu vénère)
- Non , c'est de manouchhhhes !
- Tu sais il y a une grande différence ? Tous les voyageurs ne sont pas pareils (que j'insiste)
- Noooon, c'est des manouchhhes ! (je sens la haine)
- ....
J'ai fermé ma mouille, demandé qu'on ne me serve plus de mojito pour éviter tout risque de baffes dans la gueule de la fille Pétain.
Je suis invitée par Marc&Sophie, c'est pas poli de retourner les tables chez les gens.
Mais moi je suis encore vénère, ce qui n'échappe pas à ma voisine de table qui m'invite par texto à ne pas répondre.
Elle me critique Mademoiselle Pétain ?...le mojito fait effet je prend le terme "manouchhhhe" pour moi...alors qu'habituellement je ne me sente pas concernée: je suis foraine.
Pour qui se prend-elle cette narvalie qui colle son chien jusque dans l'assiette sur la table et lui fait boire du Get27 à même le verre.
GLUP GLUP GLUP fait la langue du chien dans le verre.
Sache Mademoiselle Pétain que chez les "manouchhhhes" et ceux qui vivent en caravanes (là je m'y reconnais) : JAMAIS UN CHIEN NE LICHE LA VAISSELLE DANS LAQUELLE ON MANGE !!!!
Comment voulez-vous que l'on se comprennent ?
J'apprend un autre dimanche soir (celui-là sans la conne qui est chez elle à terminer ses lettres anonymes) que les femmes sédentaires parlent couramment de leurs histoires de cul.
Bon, nous aussi ...des fois...quand les mojitos défilent...on n'est pas des arriérées !
Sauf que j'apprend que par "histoires de culs" elles veulent dire "histoires de positions" ou "orgasmes à la main ou à la b***".
.........euhhhhhhhhhhh
.........Non, non, perso, 20 mojitos ne me feront pas avouer à mes copines foraines si je préfère pile ou face.
On est pudiques chez nous.
Pour moi la scène la plus hard vécue restera une foraine chantant au micro "Annie aime les sucettes" regardant dans les yeux son homme lors d'un amusement à la Foire du Trône.
Quand je vous dit : les torchons et les serviettes ?
Et dire que les gadjés nous prennent pour les essuie-culs !








