Vous connaissez le mètre étalon ?
Cette mesure universelle qui dit qu'un mètre égal à :
- 5,39956810 milles marins
- 6,2150410 milles terrestres
- 1,0569710 années lumières
- 1,0936 yard
- 3,281 pieds
- 39.37 pouces ?
Les forains, eux, pensent que le mètre étalon c'est :
" Eh... T'as LONG (de métrage) ?"
Rien de plus logique.
P'tit-jean établi les longueurs réglementaire à intervalle de Paraboots.
Son mètre étalon mesurera 0.90 m, normal quand on s'appelle P'tit-jean.
Roger lui lance la guibolle nettement plus loin. Déjà par son enjambée naturelle mais surtout par son gros métrage.
Le mètre étalon de Roger (porte-à-faux compris) avoisine le 1.15 m.
Allez comprendre pourquoi ça ne correspond en rien au marquage municipal...
Sur la demande d'emplacement envoyée dès janvier, les 2 fêteux ont légèrement exagéré.
P'tit-jean fait une demande de 8 m pour son crève-ballons (verité : 9 m V en supplément).
Roger de son coté demande 48 m pour son grand-huit (vérité: 42 m , il cherchera plus tard quoi déballer dans sa longueur).
Explication de ces "petits arrangements" avec les lois de la physique.
Le marquage municipal (emplacement réservé) octroyé avec plus ou moins de bonne volonté selon les communes, est sources de moult tracas réguliers.
Prenez P'tit-jean et sa demande de 8 m:
- 8 m de la ville = 8 x 1 m étalon = 8 m au décamètre
- 8 m de P'tit-jean = 8 x 0,90 m forain = 7,20 m supposés
Soit une différence de 0,80 m qui ne suffiront pas à rentré la boutique de 9,80 m....
P'tit-jean espère grignoter sur le métrage de son voisin, ou sur celui du passage de sécurité, encore mieux : sur les 2.
Il a omis de précisé son véritable empattement de peur d'avoir à payer plus.
Maintenant Roger et son courrier pour 52 m :
- 52 m de la ville = 52 x 1 m étalon = 52 m au décamètre
- 52 m de Roger = 8 x 1,15 m forain = 55,20 m supposés
Donc Roger pense qu'il jouira aisément d'un surplus linéaire de 9,20 m ( fantasmés) ou s'il suit la ligne de démarcation, d'au moins 6 m.
Pas question pour le grand-huit de caler les bouts de fer dans sur une place trop petite.
Ce n'est pas de la mauvaise fois mais Roger ne pourra pas pousser son gros matériel à la main s'il y a problème.
Le placier n'est pas encore là que les forains vont bientôt s'étriper.
A première vue rien ne correspond, sur la place de P'tit-jean qu'il a beau mesurer au décamètre, aux paraboots, aux talons de sa femme, aux foulées de Roger...bah il manque 1 m !
- "L'année dernière vous avez payé 7 m, on vous a remis pareil !" marmonne l'agent municipal
-"Et je fais comment ?"
-"Arrangez-vous avec vos collègues ?"
Roger ça ne le fait pas rigolé.
"Les collègues" vont lui manger ses 6 m de sup qui permettraient à sa copine de monter sur sa place.
Il a bien envie de s’énerver face au "collègue" qui va avec un gros métier dans un emplacement de PETIT manège, c'est sûr ça coince au bout du champs de foire.
D'ailleurs, assez souvent, il faut faire voir ses C***** si l'on veut récupérer le mètre (étalon) perdu.
Tout ça parce que certains ne prennent pas de précautions.
Roger ne remballera pas son gros bordel, il est venu pour faire la fête.
Qu'on se le dise c'est un Maître étalon !
Je suis née en hiver...
Mon frère est né en hiver...
Mon oncle est né en hiver...
Mon beau-frère est né en hiver...
Mes cousins sont nés en hiver...
Ma mère, ma petite fille, quelques unes de mes cousines aussi d'ailleurs.
La maternité chez nous c'est généralement lorsque l'on est en remise, le matériel remballé, pendant nos 5 (6,7,8...) semaines de congés non payés.
Faudrait pas que les tétés empêchent notre nouvelle maman de tourner la barbe à papa du bras gauche.
Et ce serait emmerdant de changer la couche sur le plat-banc de la baraque.
Le congé parental n'existe pas, les crèches nomades non plus.
Alors nous choisissons la fin de saison pour enfanter.Et quand ce n'est pas le cas, c'est que certaines ne connaissait pas monsieur Ogino.
C'est plus pratique pour travailler, d’espérer faire les calages du skooter pas tout de suite après la sortie de la clinique.
Stéphanie sort de la clinique justement.
Ce n'est pas l'hiver et elle n'a pas accouché, malheureusement pour elle.
Stéphanie est une victime d'une maladie professionnelle.
Il y en a qui ne se casse pas le cul dans leur boulot, ma stéf, elle, s'est cassé le dos avec ses bouts de ferrailles.
A 40 ans, la petite foraine qui ne connaissait que les avantages d'une vie au grand air offerte par un labeur d'haltérophile, qui ne voyait les paysages verdoyants qu'a travers le par-brise de son scania (rose, tout de même) n'y comprend plus rien.
On lui promet un avenir d'handicapée...Merci qui ? Merci mon métier forain.
Et d'handicapée non indemnisée...Merci qui ? Merci R.S.I !
Stéf se retrouve prise au piège d'une administration qui veut l'obliger à lâcher les convois en pleine saison, à prendre du personnel qualifié (oups) qui gagnerait le salaire de son couple, à éviter les charges de plus de 5 kg.
Le petit skooter en mousse , la-la-la-la-la-la...???
Oui-oui-oui Monsieur le professeur "es" estimation des risques professionnels :
" Venez manger un bout vers nous avec votre dame, quand j'aurais branché l'eau à la caravane, vous pourrez vous faire un avis sur mon style de vie. "
" Non, je ne compte pas me reconvertir en caissière de carrefour puisque la position assise vous dérange jusque dans ma caisse "
"Les charges R.S.I vous pensez, elles pèsent combien ?"
Stéf ne passera pas cet hiver à biberonner comme nos mères,ou nos copines prévoyantes, elle tachera de prendre soin d'elle.
Elle se retiendra de repeindre elle-même la semelle de l'amour de sa vie, celui qui fait vibrer son cœur : son métier sur remorque.
Allez ma belle, ton avenir est encore avec nous sur les places, avec tous les petits fêteux qui naîtront en hiver.
PAYSAN DE MORT!!!!
Fin de discussion et c'est, suivant le paysan, fin d'amabilités.
Pas touche à mes ancêtres, valeureux sédentaires instruits,travailleurs émérites mais pas toujours fiers d'avoir donné à la France nomade un fils ou une fille tant aimé.
Les voleurs de poules en caravane et belles autos/belles gueules ont de tout temps ravagés de longues lignées faites de notaires de père en filles.
De tout temps , de toute région, désolé de le signaler à la race supérieure des terminaisons en "ions" : de 1 à 99 % de notre patrimoine génétique actuel descend du même singe que ces gens là : Les paysans de mort.
Seulement à partir de combien de générations sans eau courante obtenons-nous la naturalisation foraine ?
Si 70 ans de montage du métier n'est toujours pas suffisant à certains concurrents jaloux, j'ai de la tendresse pour les enfants nés de couple mixte.
Pierdies d'après les cons, foraines pour moi depuis le couffin,enfants endormies sur une FIESTA GOUGEON.
Mes copines auront beau se taper la caisse et les convois,les nuits sans courant, le changement de place régulier, elles subiront toujours la bêtise des sans arguments voyageurs : paysan(nes) de mort !
Moi j'ai été élevée comme une paysanne.
J'ai vécu en maison.
J'ai été scolarisée jusque mes 16 ans.
Je fréquente des "gadjés" en dehors du boulot.
Je suis amie avec d'anciens petits ramasseurs de tickets devenus des féteux respectés.
Ça ne me pose aucun problème. Je sais qui je suis.
Je conseillerais volontiers aux personnes insultées de venir courave avec une pelle.
Ça aide à déterrer les souvenirs du voyageur pur souche, de quand leur mémère Simone travaillait à la poste du village.
Ce n'est pas insultant c'est la vie.
La vie de forain c'est d'être fier du petit fils qui sait rendre la monnaie à l'âge où d'autres entrent en première année de maternelle.
La vie de forain c'est d'être fier que des gadjés qui n'ont aucuns préjugés quand à notre mode de vie veuillent bien la partager.
Ces GENS LÀ nous adorent, nous les FORAINS DE MORT.