vendredi 21 novembre 2014

Episode 46 : Prêcher les Cons Vaincus


J'en suis toute excitée, je n'ai presque pas dormit de la nuit.

C'est une journée que j'attend avec impatience, un rendez-vous immanquable.

Ma mère à sorti ses bijoux, ceux des réunions familiales.

D'ailleurs nous rejoindrons sur place d'autres créatures endimanchées portant griffes de lion, manteaux de fourrures et savoyardes.

Moi je reverrais mes copines égarées au gré des tournées, mon père parlera syndicat et revendication, y aura discutions enflammées et franches rigolades, ma mère jettera son œil partout...j'ai hâte d'y être.

Le parking est pleins, ça se bisent dès la descente des autos, comme nous sommes contents de nous retrouver.

Les portes ouvertes donnent déjà le ton, c'est assourdissant là-dedans : 

Bienvenu dans le royaume de "Forainexpo"
...année 1983

Hier Jeudi 20 Novembre 2014 le salon parisien faisait pitié.

D'une part parce que les fournisseurs Français n'ont pas joué le jeux...d'autre part parce que les forains n'en ont plus rien à foutre.

La corporation fera 150 km pour voir "Star 80" chanter en play-back, nous les attendrons toujours au salon forain parisien.

C'est pas la peine de râler ceux qui pensent qu'il n'y avait rien à voir : il y avait d'abord ceux qui croient encore en la profession.

En gros ? : LES CONS VAINCUS !

- Il y avait Pierre et sa femme qui exposent une fête foraine miniature après 2 h de route et 4 heures de montage. C'est beau, c'est fait avec passion et c'est Bénévole !

- Il y avait les syndicats. Surement qu'ils vous font chier ceux-là à essayer de vous vendre une cotisation...vous préférerez dépenser les 80 € d'une carte au Buffalo Grill...

- Il y avait Robert Matougui qui n'a rien à vous vendre mais vient faire la promo de l'internat de Douai dont il est le président des parents d'élèves. Lui tout ce qu'il aime dans les salons c'est l'échange entre forains, revoir de vieilles connaissances et se démener pour cette école. Passez au moins lui dire bonjour, des vieux cons comme lui tendent à disparaître. Emportant avec lui l'acharnement à essayer de scolariser vos gosses entre eux.

- Il y avait une aumônerie foraine qui prêche bien-sur pour sa paroisse c'est son boulot. Et quelques Ratchaï que vous aimez retrouver dans vos mariages. Un petit bonjour en dehors d'une messe d'enterrement c'est bien aussi...

- Il y avait des politiques...qu'on est bien content de connaitre quand on a besoin de soutien...je ne dirais rien de plus j'ai eut honte pour eux à l'inauguration du salon !

Donc le serpent se mord la queue.

Par contre vous avez louper un grand moment de guignolade: "La réunion Inter-syndicale".

15 représentants + 4 contradicteurs ( dont moi et 2 femmes de syndicalistes) pour animés les débats.

Evidemment ça laisse songeur tant d’intérêt de la part d'un métier en crise.

C'est dommage parce nous nous avons bien rigolé.

Et sur votre dos en plus ! 

Parce que les absents ont toujours tords.

Apparemment les fêtes vont bien ? tout va bien dans le meilleurs des mondes (forain) ?

Alors les syndicalistes apprécieront de ne plus se déplacer à leurs frais et remboursés (pas toujours) avec 2 cafés offerts au bistrot du coin.

Hier ce n'était pas Forainexpo des belles années.

Le salon tant attendu parlant de mon avenir.

Hier pourtant ça m'a permis de rencontrer des gens sympas, une coupe à la main et saucisson dans l'autre tout en papotant d'avenir.

Après moult verres de champagne/saucisson il fut décider de la création d'un syndicat de femme (seule) foraine...

Comme quoi je ne regrette pas mon salon 2014.

L'année prochaine je reviendrais.

Les fournisseurs feront un effort, les passionnés reviendront, et vous, vous remettrez vos griffes de lion.

SI LE METIER N'EST PAS MORT



dimanche 26 octobre 2014

Episode 45 : Prenez les mesures



Vous connaissez le mètre étalon ?

Cette mesure universelle qui dit qu'un mètre égal à :

- 5,39956810 milles marins
- 6,2150410 milles terrestres
- 1,0569710 années lumières
- 1,0936 yard
- 3,281 pieds
- 39.37 pouces ?

Les forains, eux, pensent que le mètre étalon c'est : 
" Eh... T'as LONG (de métrage) ?" 
Rien de plus logique.

P'tit-jean établi les longueurs réglementaire à intervalle de Paraboots.

Son mètre étalon mesurera 0.90 m, normal quand on s'appelle P'tit-jean.

Roger lui lance la guibolle nettement plus loin. Déjà par son enjambée naturelle mais surtout par son gros métrage. 

Le mètre étalon de Roger (porte-à-faux compris) avoisine le 1.15 m.

Allez comprendre pourquoi ça ne correspond en rien au marquage municipal...

Sur la demande d'emplacement envoyée dès janvier, les 2 fêteux ont légèrement exagéré.

P'tit-jean fait une demande de 8 m pour son crève-ballons (verité : 9 m V en supplément).

Roger de son coté demande 48 m pour son grand-huit (vérité: 42 m , il cherchera plus tard quoi déballer dans sa longueur).

Explication de ces "petits arrangements" avec les lois de la physique.

Le marquage municipal (emplacement réservé) octroyé avec plus ou moins de bonne volonté selon les communes, est sources de moult tracas réguliers.

Prenez P'tit-jean et sa demande de 8 m: 

- 8 m de la ville = 8 x 1 m étalon = 8 m au décamètre
- 8 m de P'tit-jean = 8 x 0,90 m forain = 7,20 m supposés

Soit une différence de 0,80 m qui ne suffiront pas à rentré la boutique de 9,80 m....

P'tit-jean espère grignoter sur le métrage de son voisin, ou sur celui du passage de sécurité, encore mieux : sur les 2.

Il a omis de précisé son véritable empattement de peur d'avoir à payer plus.

Maintenant Roger et son courrier pour 52 m :

- 52 m de la ville = 52 x 1 m étalon = 52 m au décamètre
- 52 m de Roger = 8 x 1,15 m forain = 55,20 m supposés

Donc Roger pense qu'il jouira aisément d'un surplus linéaire de 9,20 m ( fantasmés) ou s'il suit la ligne de démarcation, d'au moins 6 m.

Pas question pour le grand-huit de caler les bouts de fer dans sur une place trop petite.

Ce n'est pas de la mauvaise fois mais Roger ne pourra pas pousser son gros matériel à la main s'il y a problème.

Le placier n'est pas encore là que les forains vont bientôt s'étriper.

A première vue rien ne correspond, sur la place de P'tit-jean qu'il a beau mesurer au décamètre, aux paraboots, aux talons de sa femme, aux foulées de Roger...bah il manque 1 m !
- "L'année dernière vous avez payé 7 m, on vous a remis pareil !" marmonne l'agent municipal
-"Et je fais comment ?"
-"Arrangez-vous avec vos collègues ?"
Roger ça ne le fait pas rigolé.

"Les collègues" vont lui manger ses 6 m de sup qui permettraient à sa copine de monter sur sa place.

Il a bien envie de s’énerver face au "collègue" qui va avec un gros métier dans un emplacement de PETIT manège, c'est sûr ça coince au bout du champs de foire.

D'ailleurs, assez souvent, il faut faire voir ses C***** si l'on veut récupérer le mètre (étalon) perdu.

Tout ça parce que certains ne prennent pas de précautions.

Roger ne remballera pas son gros bordel, il est venu pour faire la fête.

Qu'on se le dise c'est un Maître étalon !



vendredi 24 octobre 2014

Episode 44 : Les Multis-risques du métier




Je suis née en hiver...

Mon frère est né en hiver...

Mon oncle est né en hiver...

Mon beau-frère est né en hiver...

Mes cousins sont nés en hiver...

Ma mère, ma petite fille, quelques unes de mes cousines aussi d'ailleurs.

La maternité chez nous c'est généralement lorsque l'on est en remise, le matériel remballé, pendant nos 5 (6,7,8...) semaines de congés non payés.

Faudrait pas que les tétés empêchent notre nouvelle maman de tourner la barbe à papa du bras gauche.

Et ce serait emmerdant de changer la couche sur le plat-banc de la baraque.

Le congé parental n'existe pas, les crèches nomades non plus.

Alors nous choisissons la fin de saison pour enfanter.Et quand ce n'est pas le cas, c'est que certaines ne connaissait pas monsieur Ogino.

C'est plus pratique pour travailler, d’espérer faire les calages du skooter pas tout de suite après la sortie de la clinique.

Stéphanie sort de la clinique justement.

Ce n'est pas l'hiver et elle n'a pas accouché, malheureusement pour elle.

Stéphanie est une victime d'une maladie professionnelle.

Il y en a qui ne se casse pas le cul dans leur boulot, ma stéf, elle, s'est cassé le dos avec ses bouts de ferrailles.

A 40 ans, la petite foraine qui ne connaissait que les avantages d'une vie au grand air offerte par un labeur d'haltérophile, qui ne voyait les paysages verdoyants qu'a travers le par-brise de son scania (rose, tout de même) n'y comprend plus rien.

On lui promet un avenir d'handicapée...Merci qui ? Merci mon métier forain.

Et d'handicapée non indemnisée...Merci qui ? Merci R.S.I !

Stéf se retrouve prise au piège d'une administration qui veut l'obliger à lâcher les convois en pleine saison, à prendre du personnel qualifié (oups) qui gagnerait le salaire de son couple, à éviter les charges de plus de 5 kg.

Le petit skooter en mousse , la-la-la-la-la-la...???

Oui-oui-oui Monsieur le professeur "es" estimation des risques professionnels :
 " Venez manger un bout vers nous avec votre dame, quand j'aurais branché l'eau à la caravane, vous pourrez vous faire un avis sur mon style de vie. " 
" Non, je ne compte pas me reconvertir en caissière de carrefour puisque la position assise vous dérange jusque dans ma caisse " 
 "Les charges R.S.I vous pensez, elles pèsent combien ?"

Stéf ne passera pas cet hiver à biberonner comme nos mères,ou nos copines prévoyantes, elle tachera de prendre soin d'elle.

Elle se retiendra de repeindre elle-même la semelle de l'amour de sa vie, celui qui fait vibrer son cœur : son métier sur remorque.

Allez ma belle, ton avenir est encore avec nous sur les places, avec tous les petits fêteux qui naîtront en hiver. 




lundi 13 octobre 2014

Episode 43 : Paysan de Mort !!!!




PAYSAN DE MORT!!!!

Fin de discussion et c'est, suivant le paysan, fin d'amabilités.
Pas touche à mes ancêtres, valeureux sédentaires instruits,travailleurs émérites mais pas toujours fiers d'avoir donné à la France nomade un fils ou une fille tant aimé.

Les voleurs de poules en caravane et belles autos/belles gueules ont de tout temps ravagés de longues lignées faites de notaires de père en filles.

De tout temps , de toute région, désolé de le signaler à la race supérieure des terminaisons en "ions" : de 1 à 99 % de notre patrimoine génétique actuel descend du même singe que ces gens là : Les paysans de mort.

Seulement à partir de combien de générations sans eau courante obtenons-nous la naturalisation foraine ?

Si 70 ans de montage du métier n'est toujours pas suffisant à certains concurrents jaloux, j'ai de la tendresse pour les enfants nés de couple mixte.

Pierdies d'après les cons, foraines pour moi depuis le couffin,enfants endormies sur une FIESTA GOUGEON.

Mes copines auront beau se taper la caisse et les convois,les nuits sans courant, le changement de place régulier, elles subiront toujours la bêtise des sans arguments voyageurs : paysan(nes) de mort !

Moi j'ai été élevée comme une paysanne.

J'ai vécu en maison.

J'ai été scolarisée jusque mes 16 ans.

Je fréquente des "gadjés" en dehors du boulot.

Je suis amie avec d'anciens petits ramasseurs de tickets devenus des féteux respectés.

Ça ne me pose aucun problème. Je sais qui je suis.

Je conseillerais volontiers aux personnes insultées de venir courave avec une pelle.

Ça aide à déterrer les souvenirs du voyageur pur souche, de quand leur mémère Simone travaillait à la poste du village.

Ce n'est pas insultant c'est la vie.

La vie de forain c'est d'être fier du petit fils qui sait rendre la monnaie à l'âge où d'autres entrent en première année de maternelle.

La vie de forain c'est d'être fier que des gadjés qui n'ont aucuns préjugés quand à notre mode de vie veuillent bien la partager.

Ces GENS LÀ nous adorent, nous les FORAINS DE MORT.





lundi 7 avril 2014

Episode 42 : Cris et crémaillère


Ça commence par un "Clac-clac-clac-clac-clac-clac" à l'infinie...

Et puis on sent le train accrocher la chaîne, les wagons montent dans un silence presque religieux, les clients retiennent leur souffle et nous, vu de la baraque d'à coté profitons du presque silence suspendu à leur peur.

Ils crieront dans la descente vertigineuse du looping.

Le "Clac-clac-clac-clac-clac-clac" de la crémaillère que j'entend 12 heures par jour rythme mes humeurs.

Il n'y a pas vie qui pourra remplacer ça.

Pas de bruit plus familier.

Les hurlements me donnent une indication sur l'affluence présente dans l'allée.

Le temps d’attente entre les trains me renseignent sur la longueur de la queue devant la caisse.

Au son je sais tout ça...

A minuit, la crémaillère se taira.

Le silence du métier réveillera les enfants et les chiens,couchés sous le plat-banc des grues ou des loteries.

 Il sera temps de rentrer aux caravanes.

Je suis nostalgique aujourd'hui, cette chronique est rythmée par le son de la crémaillère que je n'entend plus.

Ma foire me manque, ma FOIRE DU TRÔNE.

Je ne peux pas expliquer l'amour que j'ai pour elle...

C'est surement parce que je ne l'ai pas reçue en héritage, je l'ai gagnée sur le terrain, je l'ai quittée aussi parfois.

La foire du trône je la vis comme le symbole de mon métier de forain.

Je me revois adolescente petite foraine de banlieue qui venait visiter sa famille de privilégiés, ceux qui "faisaient le Trône".

Nous choisissions le samedi soir afin de voir tous les métiers ouverts, monter dans les nouveautés qui nous faisaient rêver aussi, comme de bons gadjés dans un magasin de jouets.

Nous nous fendions d'un malvenu "je peux monter je suis forain" sans nous rappeler que c'était samedi soir et que nous non plus sur nos petites fêtes nous n'aimions pas entendre "je peux monter je suis forain".

Les forains nous gratifiaient vite-fait un bonjour de courtoisie, pas la peine de s'étendre.

Notre famille hésitaient entre discuter avec nous et nous coller devant la friteuse...

Je les enviaient beaucoup à l'époque.

Mes fêtes à moi ne connaissaient pas le son de la crémaillère du grand huit.

Bien des années plus tard mon chemin me permit de devenir moi aussi une "trônarde".

Et j'en ai savouré chaque jour, bon ou mauvais, années pluvieuses, années de catastrophes financières, années de tempêtes politiques, années d’amitiés sincères, années de rancunes, années de mariages, années de divorces, années merveilleuses aussi.

Le trone c'est la vie d'un village particulier.

Une vie dans la ville sans mélange réel avec l'extérieur...qu'il soit avec les paysans ou bien les copains de province.

Il y a 18 ans j'ai vécu une anecdote dont j'ai encore honte aujourd'hui.

Je tenais ma baraque de sandwichs , surement un samedi soir bondé, j'ai vu arrivé dans l'allée une bande de forains que j'avais côtoyés dans mon autre vie.

Je les connaissaient tous , j'avais grandi avec eux, fait du vélo avec eux autour du scooter de mes parents, distribués les demi-tarif dans les magasins des petits patelins qui nous faisaient vivre.

A ce moment là : Moi "la grande connasse du trône"...j'ai tourné la tête pour ne pas leur dire bonjour, je pense pour ne plus leur ressembler.

J'ai renié mes racines pour les lumières de Paris.

J'ai renié mes petites fêtes foraines de banlieue pour le bruit de la crémaillère et des cris des clients.

Mon métier c'est ma VIE, je m'en aperçois chaque jour ou je ne le partage pas.

Le trône à redémarrer cette semaine.

Je n'y serais pas, j'entendrais les flons-flons de la fête par procuration.

Je demande pardon à mes potes d'enfance qui m'ont trouvée prétentieuse un soir de sortie...il ont eut raison.




lundi 24 mars 2014

Episode 41 : Administration & questions cons


Installée lascivement sur mon canapé 3 places dans mon salon de caravane je regarde la 2 et tombe des nues lorsque le sujet traité dans le documentaire me remémore une aventure qui m'est arrivée il y a quelques années.

Dans le reportage on voit un gentil pâtissier à bout de fatigue physique et morale expliquer le dur boulot qui est le sien.

Les heures, les jours, les années à taffer sans répit jour et nuit dans son labo pendant que les autres (genre nous les clients) prennent le bon temps qui leur est dû.

Mon petit pâtissier télégénique ne se remet pas d'un redressement Urssaf de 30.000 €.

Tu m'étonnes !

A-t-il employé indûment des esclaves étranger?

Fait bosser au noir des chômeurs indemnisés ? 

Exploité des mineurs apprentis ?

Non, il a laisser sa Maman à la caisse du magasin...

Puisque sa femme travaille à l'extérieur, ça donne une idée de la rentabilité de l'entreprise.

Il payait déjà les charges pour autoriser sa vieille mère à lui donner un coup de main, l'administration jugeat que si cette grand-mère travaillait 12h par jour dans la boutique elle voulait (devait !!!) bien toucher sa commission.

Et moi qui croyait que le proxénétisme était interdit en France, avec 68 % de charges avant impôts, je dis que le mac porte surement un slip Bleu/blanc/rouge.

Je lui souhaite bon courage au pâtissier dépressif qui voit son patrimoine partir en bons de recouvrement au trésor public.

Chaque année je suis moi aussi contrôlée par les organismes d'états :

- Les fonctionnaires des douanes et des fraudes qui vérifient que la mention "Pur Beurre" sur mon affichette n'est pas frauduleuse.

- Ceux de l'hygiène qui vérifie que l'eau coule de mon robinet et n'oublie jamais de me demander où je vais faire pipi.

- La Police qui demande mes papiers commerciaux et autres papier de "bon montage" totalement inutiles mais  déchargeant leurs services de toute responsabilité en cas de pépins.  

- Et bien sur, nos amis de l'Urssaf.

En 2006 je fait des churros dans un petit chalet sur un bon marché de Noel. 

J'y travaille bien, 4 m de chalet, 6 personnes dedans le dimanche.

Alors moi je veux être tranquille...je fais mes D.U.E (déclaration unique d'embauche) régulièrement à chaque vendeuse qui passe le pas de la porte.

Les autres c'est ma famille: moi, mon mari, ma fille et ...ma mère.

Ma mère tient la marronnière, un boulot de fou de vendre des marrons.

Obligé d'y mettre ma mère, les vendeuses ne veulent pas sentir la fumée en se brûlant les doigts.

Les inspecteurs scrutent mon chalet, la vendeuse leur fait un joli sourire insistant (j'apprend toujours aux filles à ne pas craindre les contrôles, personne ne s'approchera) et les voilà à 4 gaillards encerclant le tout petit chalet de marrons tenu par une petite vieille de 1.38 m.

C'est maintenant que les ennuis commencent...

Questions, convocations, interrogatoire, papiers, factures,4 heures de perdues,lampe dans les yeux ...

Excepté la lampe, tout est vrai. Ils avaient pris un gros poisson...

A force de raconter ma vie, en long en large et en travers, de les embrouiller avec mes blagues douteuses, ils ont fini par avoir faim et penser que j'allais empiéter sur leur RTT.

Ils m'ont promis une suite judiciaire, ça me rappelle que les gendarmes me cherche encore...

J'en rigole aujourd'hui, sauf que de nombreux forains travaillent en famille.

Les parents, les enfants, les grands-parents, les petits-enfants, si les coup de mains doivent être soumis à déclaration administrative j'imagine un peu les emmerdes :


"- Tu peux me caler le métier mon fils ? Attends, attends j'envois la DUE !"
"- Ramène moi des battons de Barbe mon père, attention aux chmitts en rentrant, j'ai pas payé l'urssaf! "

L'année suivante à mon marché de Noel , j'ai voulu déclarer ma mère.

Je remplis la D.U.E sur internet, j'envois et sans rire je reçois en message :


ATTENTION, VOTRE SALARIE A PLUS DE 70 ANS 
LA DECLARATION N'EST PAS POSSIBLE

Mettons nous d'accord, ne chercher pas à nous formater.

Nous paierons ce que nous devons, pas plus.

dimanche 23 février 2014

Episode 40 : Héritage


Au début des Petites chroniques de la Foire du Trône mon père se demandât quelle nouvelle lubie m'avait piquée.

- Maintenant tu veux faire écrivain ?


- oui Papa


- Et ça va intéresser qui ?


Le soutien moral et la répartie appropriée sont indéfectibles dans notre famille .


Le scepticisme s'y glisse un peu trop souvent.


Mon père a passé toute sa vie à vouloir revaloriser notre métier et bien que la mention "industriel forain"soit inscrite en lettres rouges sur ses cartes de visites, il n'en garde pas moins un petit sentiment d’infériorité.



Notre vie intéressera qui?

Bah sans dire de conneries: je dirais en premier les forains?


Au début les 500 lectures de mon blog me rendaient immensément fière d’être allée à l'école.


Je n'avais pas la prétention de représenter les forains, je voulais juste laisser un souvenir à mes petites filles, qu'elles sachent que Mémé sait faire autre chose que des glaces dans son magasin de la plage et des canelés dans un petit chalet de Noël.


J'ai choisi de raconter ma vie de foraine semi-névrosée, apparemment vous: de me lire.


A l'approche des 40.000 visites je cherche maintenant à savoir qui sont mes lecteurs puisqu'aucun de mes amis du Trône ne sait faire fonctionner le lien à partir de son Iphone.


Enfin...c'est ce qu'ils me racontent.


- Alors Papa? 


- oui ma fille ?


- ça intéresse qui ce que j'écris ?



Les gens qui aiment notre métier.

Sauf que je disais des conneries: pas les forains en premier.

Ce que j'énonce dans mes chroniques sont quelques fois des vérités pas très reluisantes.


Et encore je suis sympa, je les enduits de guimauve et sucre à Pomme d'amour, c'est plus coloré.


Comme mes collègues n'aiment pas se faire chicaner...ils ne me calculent pas c'est normal.


En parlant de laisser quelque chose peut-être que Cassie & Mila poseront un jour les questions qui fâchent...



Qu'avez-vous fait de notre héritage ?

J'espère que j'aurais autre chose que les cartes de visites de Papy Dédé à leur donner qui rappellera ce que nous étions encore dans le début des années 2000 :


Des forains, des amuseurs, des commerçants itinérants, des gens du voyage, des circassiens, des citoyens sous évalués, des contribuables, des industriels, des inventeurs, des gens bien, des familles soudées, des casses-pieds dans les magasins, des bons clients dans les restos, des amis de la naissance jusqu'au départ...


J'aimerais laisser à mes petites filles des fêtes foraines rentables, un avenir sans montage de force, sans victimisation du métier, une vie faite de labeur et de récompenses. 


Aussi UNE FIERTÉ de la vie chaotique que nous menons, les tuyaux gelés, le courant en voie d'établissement, les terrains boueux, le banquier frileux, les fournisseurs peureux, les dimanches pluvieux...


La société nous renvoie le petit sentiment d'infériorité que ressent mon père de temps en temps, et pourtant...


Je voudrais savoir qui supporterait longtemps cet inconfort ?


bah nous !


Si la profession se serre les coudes je ne craint pas de donner en héritage à ma descendance ce que j'ai reçu à ma naissance:



Une Culture & des traditions 


 Pour l'héritage financier...Achetez mon livre !

mercredi 19 février 2014

Episode 39 : L'homme qui a vu l’homme,qui a vu l’homme,qui a vu l’homme qui a vu la Mama



Malgré la diversité du métier et des cancans journaliers qui finissent par me revenir aux oreilles, je suis parfois à court de sujet à traiter dans mes chroniques.

Parce que je dois me rendre à l'évidence, c'est l'hiver et l'hiver il ne se passe pas grand chose.

Les gens sont remisés dans les terrains, Facebook n'offre que des conneries à imiter, les fêtes sont inderrouillables, les riflots (ou les bohèmes comme moi) sont en vacances.

Alors après avoir critiqués pendant des années (surement par jalousie) tous ces faignants de forains qui n'avaient rien d'autre à foutre que d'aller passer l'hiver en Thaïlande, j'ai fait comme eux.

Enfin pas tout l'hiver ...

Sur place j'ai bien-sur aperçu ce que mes amis coincés en France pour diverses raisons appellent LE BAL FORAIN.

L'endroit où tous tes potes vont après le boulot.

Pas une plage sans un culbuto, pas moyen d’être incognito dans un Tuk-tuk :"Eh... Mario !!!"

Même quand je parle à des voisins de table français à qui je fait gentiment croire que je suis commerçante saisonnière sur Paris, j'entends mon cousin venant d'arriver leur dire : "Bonjour Léandre"...

Donc au bal forain de Phuket où il n'y aura ni tombola ni l’élection de la reine, j'ai revu des collègues que je ne vois plus faute de foire en commun.

Je ne boude pas mon plaisir, j'adore côtoyer ma race...attention pas toute ma race. 

Le point de chute à Patong c'est chez "la Mama".

Je ne connais cette endroit que depuis l'année dernière, ramenés là par d'autres forains.

Il n'était pas question d'écrire une chronique sur Phuket, je cache à ma caisse R.S.I les tampons sur mon passeport, alors on va dire que j'ai rêvé toute cette histoire.

A table avec Paty et Stéphane BIP! (eux non plus n'envoient pas de carte postale à leur caisse de retraite) je pose la question :

Pourquoi venons nous tous chez la Mama ?

- Parce que c'est B.V qui l'a connue le premier, il avait fait faire un calicot LA MAMA et c'est devenu le point de ralliement.

- Ah bon , Moi on m'a dit N.L ?

- Non c'est bien B.V c'est C qui me l'a expliqué.

Arrk, ça m’intéresse tout ça.

Aucune importance qui à découvert la Mama, il n'a pas découvert l’Amérique non plus.

Je trouve assez rigolo et voyageur de revendiquer la paternité d'un calicot au dessus d'une charrette thaïlandaise.

Sur la fête quand tu demandes qui à fait l'affiche publicitaire bizarrement personne ne s'en vante.

Une idée de chronique germe dans ma tête, je suis toute excitée: un forain à 5000 km de chez lui reste un forain.

Alors je mène ma petite enquête : Qui a rapporter le calicot réunificateur ?

N.L ? B.V ? entre dans la compet Stéphane Vancraeyenest (cité 3 fois)...

Au moment de donner la victoire à Stéphane Vancraeyenest ...je reçois un autre nom : P.K

Pour preuve, on m'explique que le premier calicot marquait:


LA MAMA C'EST LATCHO

Et là ça change tout.

J'ai enfin le nom de l'homme qui a vu la mama derrière sa charrette avant le tsunami, qui lui a créer une clientèle qui aime les bonnes bouffes entre copains et ne sont pas radins sur l’addition, qui a permis son extension dans un resto en fixe. 

Que ce soit Stéphane Vancraeyenest ou P.K ils ne verront malheureusement pas ce qu'est devenue la Mama thaï des voyageurs qui viennent au bal forain de Patong.

On n'y danse pas, on y boit un coup entre gens du même monde, les conversations sont les mêmes qu'à la brasserie de la foire...

Celui qui ne veux pas aller au bal changera de charrette.

Celui qui connait l'homme qui a vu l’homme,qui a vu l’homme,qui a vu l’homme qui a vu la Mama : envoyez moi un MP

dimanche 9 février 2014

Episode 38 : Par ici la banque !



Gigi l'amoroso...les premières notes s'élancent...tah tam,tah tam, tah tam, je vais vous raconter...

Lors du mariage de mes cousins Stiven et Aurelie, ma fille de 15 ans exécute devant une salle (familiale et ) attentive une magnifique imitation de Dalida.

Chez nous c'est comme ça, la seule demande officielle des mariés est de maintenir la tradition de banquiste de notre famille.

Les autres cousins perpétuent la mécanique de "L'automate" héritée du grand-père, comme leur père, comme leur oncle avant eux.

Lucie dû se contenter des motivations persécutions de maman.

Mon ado n'ayant connu que la confiserie parentale et les scooters familiaux sur papiers glacés, elle ne mesure pas la symbolique d'une fausse Dalida dansant sur un plat-banc de loterie.

Nos ancêtres étaient des loteurs.

D'ailleurs une des rares photos existantes de mon père gamin le montre en habit de clown vendant des tickets, perché à un mètre du sol.

"La tactique du gendarme" fût son hymne presque toute son enfance et si vous lui demander gentiment...à 76 ans mon papa saura encore imiter Bourvil.

Ne pas oublier d'en faire la demande au prochain repas des vieux.

La banque, la parade, le boniment, la lutte, les danses,le coup de casque, autant de traditions ancestrales disparues au profit de la modernisation des foires.  

Les jeunes ne connaîtront jamais la beauté et le frisson donnés par des artistes du micro beuglant leur baratin.

Je ne l'ai pas connu longtemps moi non plus.

La télé à grande échelle continuât de tuer le spectacle vivant, les forains préfèrent l'argent plus vite gagné.

Je les comprend.

Mon premier frisson de parade je le dois à la famille Becquelin.

Nous étions montés dans une petite fête de campagne avec une trentaine de forains, j'avais surement 6/8 ans.

C'était dimanche mes parents m'avaient collé au ramassage des tickets du petit manège, vite! vite! c'est le coup de bourre.

Gigi l'amoroso...les premières notes s'élancent...tah tam,tah tam, tah tam, je vais vous raconter...

Ça m’émeut toujours , 40 ans après.

Une belle brune aux cheveux long m’hypnotisât de longue minutes, mimiques langoureuses, regards amoureux, comment savoir à mon âge que la jolie fille en équilibre sur la loterie n'était pas Dalida ?

"- vite! vite! c'est le coup de bourre!"
Aucune importance, Dalida ou Gina ou Fréda, je n'ai jamais su son prénom chantait juste pour moi.

Ce soir c'est Lucie qui fait l'artiste.

En cadeau nuptial.

Elle ne connaîtra pas la vente des tickets de loterie, le regard émerveillé d'une gamine de 6/8 ans, seulement le regard d'un fier grand-père pour qui la fin de cette tradition est (peut être) une tragédie.




lucie

 loterie Campion