mardi 31 décembre 2013

Meilleurs Vœux, Bonne Année 2014




Un résumé en vidéo d'un métier qui me fait vibrer depuis toujours.

Que 2014 soit une excellente année pour vous tous.

Corinne


jeudi 5 décembre 2013

Episode 34 : Nous nous sommes tant aimés


Je sais qu'ils m'ont aimé.

Tellement, passionnément je le sais.

Ca m'aide à finir mes vieux jours, seul.

Ils ne me visitent plus c'est devenu trop triste pour eux.

Pourtant je me souviens...

J'avais déjà quelques années lorsque je les ai rencontrés, ce fut un coup de foudre réciproque.

J'ai su dès le début que nous allions bien nous entendre.

Ce jeune couple avait confiance en moi, je n'allais pas les décevoir.

Ensemble, nous avons parcouru les routes de la région parisienne où ils avaient leurs habitudes et participé à notre première grande aventure vers un luna-park méridional.

J'ai mis toutes mes tripes à construire leur bien-être.

Mon propriétaire m'adorait.

J'étais bichonné, poli, repeint chaque hiver, mes chromes brillaient de 10.000 feux.

Aucune ampoule électrique ne manquait sur mon nom écrit en lettres lumineuses gigantesques.

J'ai connu la gloire à la " Fête de l'Huma", 22h non-stop à balancer mes bras et faire tourner les têtes.

J'ai pris dans mes nacelles tous les bébés de la famille...heureux de montrer aux passants incrédules que chez nous les tours de manèges commencent à 18 mois. 

J'entends encore le boniment de Christian, assis dans la caisse transformée en décor futuriste, sortir des hauts parleurs flambant neufs.

Nous avons partagés 25 années de vie commune.

Christian apprit à ses fils à me traiter avec respect.

J'ai vieilli avec eux, je leur ai prouvé que je ne craignais pas la concurrence des nouveautés.

J'ai fait de mon mieux...et puis mon ami est parti monter une fête foraine au paradis...bien trop tôt.

J'ai porté le deuil de son absence, j'ai été dur avec son fils qui pourtant essayait de me tenir debout malgré notre chagrin.

M'en veulent-ils de m’être un peu laissé aller ?

Je prenais de l'âge moi aussi.

Et puis à un moment, mais c'est la vie, la musique assourdissante n'a plus suffit à camoufler mes grincements articulaires.

La mort dans l’âme , le fils de Christian décidât de m'accorder un temps de repos. Celui de trouver une solution satisfaisante pour tous les deux.

Et le temps, justement pris son envol...

...Je suis là depuis 15 ans, dans le fond du terrain à me consumé d'ennui.

... Je ne suis pas mort.

Quelques fois ils parlent de me vendre à un autre.

Je le sais parce que j'ai droit à une petite beauté express.

L'acheteur se présente, m'inspecte sous toutes les coutures, m'observe avec envie. Le monsieur pose tout un tas de question sur mon passé glorieux .

Je sens au ton de la voix de mon propriétaire qu'il ne me laissera pas partir avec cet étranger.

Il ne peut pas s'y résoudre...moi aussi je les aime encore.

Je voudrais remonter le temps, leur faire oublier les ennuis que j'ai causé avant ma retraite, les pannes au gros d'un dimanche de Mai.

Je rêve aussi : que les petits enfants de Christian me voient tourner un jour, qu'ils ressentent la liberté que procure un tour entre mes bras.

Qu'ils sentent le souffle du vent au balancement régulier de mes nacelles.

Ils comprendront pourquoi j'ai fait partie de leur famille et que j'ai tant aimé la vie avec ce couple de forain.

J'irai peut-être rejoindre "la Surboum" ou "la chenille des papillons" au cimetière des vieux manèges ...

Puisqu'ils m'aiment encore ils me céderont à un passionné qui cherchera à me refaire fonctionner.

Un collectionneur qui apprendra à m'aimer aussi.

Pas comme mon propriétaire qui m'a rendu magnifique toutes ces années. 

Si vous grattez bien le plancher de ma piste, vous risquez de trouver encore un peu de peinture qu'a posé mon maître Christian...

... Et sur les barres métalliques de mon vieux centre vous y verrez gravé le sigle familial " LES MYSTERIEUX ".



L'Appollo 2000



les Papillons

La surboum




mardi 3 décembre 2013

Episode 33 : Petits boulots divers d'hiver



Ma boutique médocaine est fermée , les aoûtiens ne dégustent plus mes délicieuses glaces en ce venteux mois  de novembre et ma baraque foraine m'attend bien sagement dans le fond du terrain .

Sans jouer à la cigale je me trouve parfois fort dépourvue lorsque l'hiver fut venu.

Et comme un bon paquet de mes pairs et potes je dois penser à me reconvertir.

C'est quand même un métier à la con que le nôtre , salariés-patrons à temps partiel, redevable annuellement à la RSI (caisse des commerçants indépendants ), entre 2 inscriptions à Paul-emploi.

Pole-emploi ayant d'autres chats à fouetter...

S'offre à moi alors une multitude de petits boulots sympathiques exécutés dans une relative bonne humeur.

- "Faire" la ferraille ... récupérer les métaux avec mon petit camion et mes petits bras ?

- " Faire" la betterave sucrière ...transporter la récolte jusqu'à l'usineça tombe bien c'est à l'automne.

- " Faire " les marchés  ?...pas terribles non plus en période de froid , pas cons les clients , moi non plus je ne fais pas mes courses sur le marché quand ça caille.

- La vente de sapins de Noël en bordure d'une nationale comme mes cousins ?

Carrefour ne me prendra pas comme caissière au vu de mon CV , j'ai beau argumenter que je sais parfaitement bien rendre la monnaie et rester 8 heures d'affiler à mon poste sans me plaindre ...leur confiance en nous (les forains) est largement limitée.

Il n'y a pas de sots métiers pour les courageux qui acceptent le travail de nuit , du dimanche ( ça ne nous change pas la vie ), la semaine de 60 heures, le nez au vent .

Ceux qui n'ont pas le choix tentent les fêtes foraines d'hiver, celles où souvent la dépense morale et énergétique dépasse la recette du jour.

Les marchés de Noël montés un peu partout en France font un bon compromis.

Ce qui fait que les chalets sont tenus de toutes parts par des voyageurs.

Ce n'est pas pour critiquer mais quand les commerçants locaux investissent les marchés de Noël ils commencent par faire une pétition sur les horaires d'ouvertures et surtout de fermetures :

" Quoi , on reste en nocturne jusque 22h  ? 
Et à Noël faut ouvrir ? " 

Pffff , restez chez vous bien au chaud, ça ne nous dérange pas de travailler en centre-ville , là où il y a encore de la clientèle .

Cet hiver comme depuis 3 ans , je vends des canelès Bordelais sur un petit Marché de Noël ... celui des Champs-Elysées.

Comme Thierry qui a délaissé ses grues et ses ducasses pour venir ouvrir au couteau des milliers de châtaignes.

Le D.R.H de chez Carrefour ne veut pas de nous ? 

Ce n'est pas grave Thierry préfère couper ses marrons sur la plus belle avenue du monde .

Marrons chauds, mais pieds froids !