Ma boutique médocaine est fermée , les aoûtiens ne dégustent plus mes délicieuses glaces en ce venteux mois de novembre et ma baraque foraine m'attend bien sagement dans le fond du terrain .
Sans jouer à la cigale je me trouve parfois fort dépourvue lorsque l'hiver fut venu.
Et comme un bon paquet de mes pairs et potes je dois penser à me reconvertir.
C'est quand même un métier à la con que le nôtre , salariés-patrons à temps partiel, redevable annuellement à la RSI (caisse des commerçants indépendants ), entre 2 inscriptions à Paul-emploi.
Pole-emploi ayant d'autres chats à fouetter...
S'offre à moi alors une multitude de petits boulots sympathiques exécutés dans une relative bonne humeur.
- "Faire" la ferraille ... récupérer les métaux avec mon petit camion et mes petits bras ?
- " Faire" la betterave sucrière ...transporter la récolte jusqu'à l'usine? ça tombe bien c'est à l'automne.
- " Faire " les marchés ?...pas terribles non plus en période de froid , pas cons les clients , moi non plus je ne fais pas mes courses sur le marché quand ça caille.
- La vente de sapins de Noël en bordure d'une nationale comme mes cousins ?
Carrefour ne me prendra pas comme caissière au vu de mon CV , j'ai beau argumenter que je sais parfaitement bien rendre la monnaie et rester 8 heures d'affiler à mon poste sans me plaindre ...leur confiance en nous (les forains) est largement limitée.
Il n'y a pas de sots métiers pour les courageux qui acceptent le travail de nuit , du dimanche ( ça ne nous change pas la vie ), la semaine de 60 heures, le nez au vent .
Ceux qui n'ont pas le choix tentent les fêtes foraines d'hiver, celles où souvent la dépense morale et énergétique dépasse la recette du jour.
Les marchés de Noël montés un peu partout en France font un bon compromis.
Ce qui fait que les chalets sont tenus de toutes parts par des voyageurs.
Ce n'est pas pour critiquer mais quand les commerçants locaux investissent les marchés de Noël ils commencent par faire une pétition sur les horaires d'ouvertures et surtout de fermetures :
" Quoi , on reste en nocturne jusque 22h ?
Et à Noël faut ouvrir ? "
Pffff , restez chez vous bien au chaud, ça ne nous dérange pas de travailler en centre-ville , là où il y a encore de la clientèle .
Cet hiver comme depuis 3 ans , je vends des canelès Bordelais sur un petit Marché de Noël ... celui des Champs-Elysées.
Comme Thierry qui a délaissé ses grues et ses ducasses pour venir ouvrir au couteau des milliers de châtaignes.
Le D.R.H de chez Carrefour ne veut pas de nous ?
Ce n'est pas grave Thierry préfère couper ses marrons sur la plus belle avenue du monde .
Marrons chauds, mais pieds froids !