samedi 31 août 2013

Episode 7 : Le riche et le pauvre




Le métier est quelques fois ingrat.

Il nourrit son homme quand il gentil , de mars à octobre.

L'hiver c'est le pain sec pour certains , les vacances en Thaïlande
pour d'autres...

Nous n'avons pas tous la même façons de gagner l'argent, donc de le dépenser.

Toute la richesse de quelques uns circulent sur pneus Pirelli Winter 240 , autour du cou de Madame et surtout dans leurs luxueuses caravanes italienne à 400.000 €.

Un gadjo qui entrerais dans ce sanctuaire forain tomberait à la renverse.

Comme il pense que vous n'avez ni douche ni toilette chez vous...la vue du jacuzzi devrait le surprendre.

Ensuite pourquoi ne pas avoir droit à une caravane à 400.000 € alors que chaque citoyen ne trouve rien à redire à l'achat d'une maison du même prix...si si je regarde Stéphane Plazza ( sur M6 ).

Notre salaire est mérité , puisque uniquement formés à l'école de la vie nous pouvons prétendre aux métiers suivants :

- chauffeur Poids lourds et Méga grande longueur ( la semi + la caravane + le camping + ...non je rigole !)

- Électricien... t'as intérêt à connaitre la couleur du neutre avant de brancher la caravane ( surtout si c'est une italienne)

- Peintre en lettres...de façades

- Caissier ...mais oui c'est un vrai métier pour ceux qui savent rendre la monnaie.Demandez à la dame de Carrefour.

- Soudeur , manutentionnaire , ouvrier aux 72 heures par semaine , patron, vendeur sur les marchés ...j'en oublie plein.

Malheureusement malgré toute ces formations apprises depuis des générations de forains il existe des familles qui ont du mal à joindre les 2 bouts et cumulent réellement 2 métiers.

La fête foraine se raréfie dans les villes , c'est de plus en plus difficiles de gagner sa vie de Forain.

Oui,le métier est souvent ingrat.

Mais ce qui rapproche le riche et le pauvre chez nous , c'est le bruit de la pluie qui tape sur le toit de la caravane italienne ou du petit camping , au chaud sous la couette

...on se dit que l'on a la vie que l'on aime .

...et que si la pluie continue comme ça , on va perdre le dimanche !

mardi 27 août 2013

Episode 6 : La guéguerre des ego


C'est règlement de compte à la foire.

Dos à dos , chacun avance en comptant 50 pas.


Ils se retournent brusquement et dégainent ...un tract.


Aie ça va faire mal !


Comme tout se règle généralement dans la confidentialité de foire, le choix de armes fut simple : un papier , un stylo , une photocopieuse et des bénévoles pour distribuer 300 feuillets assassins à 300 forains avides de cancans.


La rumeur enflait chez certains ,surs de connaitre le diffèrent qui opposaient nos 2 duellistes.


D'autres ignoraient le problème ( moi ) et furent très étonnés de ce petit divertissement matinal.


Youpi , de la chicane !!!


En premier lieu , les raisons de la discorde : L’Élection de l'Esméralda.


Notre reine à tous , notre Miss.


La chicane , c'est avec Geneviève de Fontenay ?


Non juste 2 des chef de la tribu "je m'occupe de tout", plus connue sur la Foire par comité des festivités.


J'ai nommés Mr "Je ramasse les lauriers" et Mr "C'est moi qui ai eu l'idée".


L'élection de l'Esméralda c'est une tradition...pire c'est écrit dans "Les tables de la loi foraine" (celles portées par Jeannette Maitret* pendant de nombreuses années).


Qu'elle fut choisie lors d'une élection ,qu'elle fut nommée d'office ou qu'il y eut une guerre civile sur la foire : nous avons toujours eu une reine pour nous représenter.



Beaucoup de jeunes filles foraines rêvent de porter la couronne et l'écharpe.

Je les comprends , 30 ans après je suis encore fière de les avoir portés quand se fut mon tour en 1983.


Et c'est vrai que la foire se termine la semaine prochaine , que nous n'avons pas dévorés les petits fours offerts par Monsieur le Maire dans les superbes salons dorés de la Mairie de Paris à l’occasion du couronnement.


C'est pour cette raison que l'un des chefs : Mr "C'est moi qui ai eu l'idée" à décider de porter à la connaissance de tous l'affront qui lui fut fait .


Je vous résume le tract assassin :


Après des mois passés en vue de l'organisation d'un événement de prestige qui inclus :


-la prise de rendez-vous avec Mr Delanoé 


- la réservation d'une salle de la mairie de Paris


- les relations publiques avec les médias ( c'était quand même la Reine de la 50eme édition et nous avons aussi des très jolies jeunes filles )


Donc Mr "C'est moi qui aie eu l'idée" n'a pas supporté que Mr "Je ramasse les lauriers" , ben justement , ramasse les lauriers de son travail .


Alors il annulât tout afin de laisser champ libre à l'adversaire...et rien ne se fit.


Moi aussi j'aurais été "vénère"!


Mr "C'est moi qui ai eu l'idée" à dégainé son tract le premier.


Mr "Je ramasse les lauriers" ne va pas tarder à dégainer à son tour.


A moins que ...


Sauf que dans tout ça les punis ne sont pas ceux que l'on croit.

Je repense aux rêves des petites foraines qui ne sauront jamais si leur tour viendra le moment venu.


"Les tables de la loi foraine" ont été cassées depuis longtemps.


Après le duel peut-être que  l'un des chefs sera socialement et brièvement mort mais je veux encore crier :


VIVE LA REINE , VIVE L'ESMERALDA !!!!


* Jeannette Maitret fut notre Genevieve pendant très longtemps.

Je pense encore à elle lors des cavalcades.




http://www.ina.fr/video/PAC00025769





dimanche 25 août 2013

Episode 5 : La bonne voyageuse


Je n'aime pas me faire remarquer.

Alors quand je pars faire mes courses je remplace mes claquettes par des chaussures, je retire la pince dans mes cheveux et je me maquille un peu.


Je ne traîne pas les pieds derrière mon caddie.


Je me tiens bien droite et quand la caissière me parlera j'essaierais de ne pas faire de fautes de français.


C'est comme ça ,en dehors de la foire je deviens une vraie gadjie.


C'est pas ma faute mais comment expliquer ça, j’aime bien me fondre dans la masse...être un peu comme tout le monde.


A 6 ans quand mes copines d'écoles découvraient que mes parents étaient forains, c'était :


- Quelle chance tu dois faire du manège toute la journée!


En vrai je ramassais les tickets tout l'après-midi. Le samedi le dimanche et le mercredi. 


Je ne me plains pas ça m'a appris le métier.


A 12 ans j'entendais:


- Quelle chance, tu dois manger de la barbe a papa tous les jours !!!


En fait je n’en mangeais jamais. Quand tu en tournes beaucoup ça deviens vite écœurant.


A 15 ans j'ai entendu :


- Quelle chance, t’arrête l'école !!!


C'est sur ! j'ai déjà mon BAC forain alors pourquoi continuer d'apprendre :


- le français …pourtant c'est bien pour les demandes de places ?

- les maths …pas mal pour la compta ?


- l'anglais …quand tu pars en vacances c'est quand même mieux ?


- l'espagnol …pour les vacances aussi ?


- la physique, la chimie, la géographie.....?


C'est superflu...


...sur le moment.


J'ai quelquefois regretter de ne pas être comme mes copines d'école. 


Les études ne m'aurait pas fait de mal.


Mais bon je fais un métier que j'aime.


C'est la "distinction voyageuse" que j'aime moins.


Un peu comme mes copines qui une dans le rayon boucherie et l'autre dans le rayon des eaux de Carrefour, se parlent comme dans la caisse de leur métier.


Plutôt fort. Pas besoin de micro.


Elle ne supportent pas les "bâtards" des autres. Elle préfèrent leurs propres enfants.


Ceux qui se roulent par terre, courent dans les rayons etc...etc.. chacune aura reconnu les siens.


Moi je veux juste faire mes courses tranquille.


N'être ni une foraine, ni une gavalie. J’ai 40 ans et je suis une cliente.


Et puis un jour au Carrefour je me retrouve dans la même file qu'une voyageuse.


"On" la reconnaît tout de suite.


Et Là ! arrive une histoire incroyable…


La voyageuse de ma file d’attente reconnaît a quelques caisses de la notre une cousine (ou copine )


« - Alors ma grosse, tu dis pas bonjour ?


- (…)


- Tu fais celle qui m'ont pas vue ! »


Ne pas oublier qu'on peut presque l'entendre sur le parking


« - ah, non, c’est vrai j'avais la tête tournée


- bah tu m'vois maintenant. Pourquoi tu viens plus a ma camping? T’as plus besoin de rien ? Tu veux pas me rendre mes 200 euros? »


Comme plusieurs caisses les séparent tout le monde peut profiter de la conversation.


« - En plus que tu viens pu, tu va m'débiner a ma belle-mère. C’est pas malin, elle répète tout ma belle-mère.


- j'y ai rien dit a ta belle-mère ! »


Il y a toujours la queue la caisse.


Moi qui n'aime pas les histoires je suis servie. Je me raidie façon gadjé.


Celle qui se fait engueuler cherche a faire activer la caissière.


« - J'aurai du l'écouter ma belle-mère elle m'a dit "la Myriam c'est une suceuse d'homme marié" »


20 paires d'yeux sur la voyageuse blonde en sabots juste devant moi.


« - C'est pas vrai Myriam que t'es une suceuse ? »


Autant dire que "la Myriam", une fois les affaires dans son sac elle a couru jusqu'au parking!


Fin de la conversation.


La voyageuse blonde continu de déballer tranquillement son caddie.


Silence religieux."Chocking" dans le magasin


A part moi, personne ne rigolait.


Une voyageuse fière et libre.


Ce jour là je me suis sentie fière d'être un peu comme elle.


Les paroles en moins, j’en connais pas des S....d'hommes marié. Enfin je crois.


Les forains et les voyageurs ne seront jamais COMME LES AUTRES et l'on se fera toujours remarquer.

vendredi 16 août 2013

Episode 4 : La veillée


Mon pote est mort.
... ...

Voilà c'est arrivé. 

Ce soir j'attends son retour à la caravane et nous nous dirons au revoir.

Tout était prêt depuis hier soir, en silence les hommes ont montés le chapiteau.

Dans la cour le feu est prêt , les flammes sont hautes.

Les amis commencent à venir :de près , de loin , de très loin...

Ils ont presque tous quelque chose en commun.

Ils se connaissent depuis l'enfance , ils sont cousins ou beaux-frères en plus d’être des amis.

Mon pote est mort... je ne sais pas pourquoi je dis mon pote , il était beaucoup plus que ça. 

Certains préfèrent dire qu'il est parti mais je sais qu'il ne reviendra pas.

Je ne le verrai plus dans son convoi , il ne me fera plus rire avec ses blagues Carambar.

J'irais l'embrasser dans son lit, je lui raconterais une histoire de forains qui se sont battus pour un mètre de place.

Le métier peut être très dur et les amitiés très sincères.

Ce soir autour du feu des dizaines de gens parleront de lui et des bons moments.

Des chicanes aussi .

Le feu va crépiter toute la nuit et les amis continueront d'arriver.

Une certaine communion va se créer autour du brasero et peu à peu la fatigue aidant on oubliera pourquoi on est là.

Ce sera comme des retrouvailles.

Demain ,à la levée du corps nous serons 500 ou plus...



mercredi 14 août 2013

Episode 3 : La Fête à Papa


La gestion d'une fête foraine n'est pas de tout repos.

Le plus difficile étant de réconcilier les forains et les élus .

Les premiers se croient tout permis , les seconds ne croient pas les premiers.

C'est régulièrement beaucoup d'emmerdes, de jalousie et de temps perdu que de vouloir être le patron des patrons , surtout sur les petites fêtes foraines .

Je sais de quoi je parle , mon père a fait ça pendant des années.

L'avantage c'était une certaine solidarité commerciale, et des souvenirs mémorables.

L'inconvénient c'est que j'ai dû pendant des années apporter a chacun le même petit papier : N'OUBLIEZ PAS DE BALAYER DEVANT VOS MÉTIERS, MERCI !

Les fêtes gérées par mon père se déroulaient plutôt bien puisque papa et ses copains acceptaient de monter dans des marécages, des champs en friches, des rues en pente, des cités HLM, enfin partout pourvu qu'ils ne perdent aucun dimanche.

Forcement ça demandait une grosse organisation : Sissime à l'affichage , sissime au courant (on montait à 2 km du transfo ), sissime à l'eau (première borne à 800 m), sissime aux festivité ( vive le TORO DEL FUEGO).

J'allais oublier dans les fêtes marécageuses les ballots de paille éparpillés par dizaine devant chaque manège et payés par chacun.

Je reconnais maintenant le luxe de pouvoir me brancher en eau et électricité à moins de 20 m de ma caravane.

Les choses ont grandement changées...

Fini le TORO DEL FUEGO avec le commis sous la carcasse et sissime en matador.

Maintenant les forains laissent les municipalités organiser les festivité et gérer l’intendance.

Le progrès ? Tout le monde râle , personne n'est content ...les forains trouvent le feux d'artifice lancé trop tôt , les affiches inexistantes ou trop moches .

Le comité des fêtes pleure en écoutant les forains raconté leurs vies et repart sans certains encaissements.

Moi je n'en connais pas un qui n'ai pas payé les festivités à ma mère !

lundi 12 août 2013

Episode 2 : Le héros malgré lui


Je pense que tout le monde à vu cette émission : M6 "La vie trépidante des forains "...

Pour une fois, une excellente émission sur le métier, un truc qui prend aux tripes tellement c'est réaliste.


On y voit Titi et son montage en force dans un champs de patates pour faire 3 ronds et continuer à croire en son métier.


On y vois mon tonton Marcel, l'incontournable des journalistes et des maires de ville avec champs de patates dans lequel Titi veut monter.

De temps en temps passent de très belles images de la foire du Trône, avec les jeunes qui hurlent leur peur sur les manèges, des forains qui haranguent le client tels des DJ des années 80...


Ensuite, on suit Stanislas qui a failli tout perdre avec l'accident de son manège et dont la hantise post-traumatique de revivre ça nous torture aussi, assis devant notre télé.

Merci M6, pour une fois ce n'est pas racoleur, pas de critiques négatives.


Juste notre "vie trépidante de forains".


Mais le véritable héros de cette soirée c'est Fabrice D.


Au début Fabrice a dû être content et flatté de faire parti du reportage.


Il étrennait un nouveau métier sur la foire et Fabrice il aime bien tout le monde, alors bienvenus les journalistes !


Et là miracle, sans télécommande la TV passe de M6 à Tf1 !


Chaque fois qu’apparaît Fabrice c'est "confessions intimes".


Quand je regarde une émission de télé je pense que le gars avec la caméra qui te suit partout, ben tu ne peux pas l'oublier et donc que forcement si c’était moi la vedette : je tournerais 777 fois ma langue dans ma bouche avant de parler.


Sauf que dans la réalité le cameraman te colle tellement que tu le prends pour ton commis ou un gadjo... enfin quelqu'un d'invisible.


C'est arriver à Fabrice.


Au bout de 10 mn le cameraman est devenu invisible et Fabrice est devenu... Fabrice le forain.


Comme quoi quelques répliques anodines peuvent passer à la postérité :


- Connard de mort !

- Cédric , les boulons tu va les desserrer avec les dents ?
Mes 2 préférées.

Pas de bol pour lui son métier qui va rester en panne une bonne partie de la fête.


On rigole encore au souvenir de Fabrice se grattant les C** allongé sur son canapé.


Et  le souvenir incroyable d'un Fabrice furibond en panne sur le périph avec son convoi : le cameraman invisible lui avait souhaité "bonne route " !


Au delà du fou rire , c'est de notre vie dont nous nous moquons en regardant Fabrice.

Tous les forains que je connais font comme lui , ils sont natures.


Et chaque fois que je prend la route je pense à toi Fabrice et je frémis à l'idée qu'un connard puisse me souhaiter BONNE ROUTE





PS :J'ai trouvé sur le net un tee-shirt " Fabrice le Forain " vendu 26€ en édition limitée.




M6-la vie trépidante des forains

Episode 1 : La caravane part



C'est un vieux forain sur le bord de la route.

Il n'arrive pas à lui dire adieu.

Il est triste et penaud , il se retient de pleurer.

Ses enfants observent la scène qui ce déroule au loin.

Quand se sera terminé sa fille prendra une photo...pour plus tard.

Le vieux forain est à la retraite depuis peu : 47 ans de barbe à papa.

Ses mains en gardent encore l'odeur , le sucre , le parfum à la fraise , le colorant qui rougit les doigts.

La nuit les doigts de Jean-Paul tournent machinalement sur un bâton de bois imaginaire.

En vérité , la retraite pour un forain ça n'existe pas.

Le vieux forain revient régulièrement aider ses filles.

La boutique a beaucoup changé depuis que la nouvelle génération occupe la place.

La fête c'est tout sa vie , alors que faire de tout ce temps libre ?

Sa femme pense connaitre la réponse :

" du temps pour nous deux ? 

On voyagerait un peu ?

Et pourquoi ne pas partager notre temps libre entre nos enfants et nos petits enfants ?

Dans le fond elle à surement raison.

Ils vont souffler un peu.

Dans leur nouvelle vie ils auront besoin d’être plus autonomes.

Tout deviens plus compliqué quand on est plus vieux...les convois avec la caravane Laurent ne sont plus possibles , Jean-Paul ne peut plus conduire le 19 tonnes.

Il ne veut pas déranger ses filles pour prendre la route.

Alors madame propose :

" Et si on achetait plu petit ?"

L'idée fait son chemin et c'est décidé , il faut vendre la caravane.

Tout le monde est content.

Papy Jean-Paul ira passer Noel et Jour de l'an chez l'ainée , le debut de saison chez la cadette.

Une voiture pour tracter le camping...besoin de personne.

Tout roule !

Sauf que le chagrin est grand sans sa caravane.

8 pneus et une carcasse et surtout tout une vie de souvenirs.

Ses filles comprennent bien se qu'il ressent.

C'était chez elles aussi ( avant d’être mariée ) cette petite chambre au bout du couloir , à peine 6 m2.

Une page se tourne aujourd'hui, Jean-Paul serre les poings sur le bord de la route.

Lorsqu'il se retournera le vieux forain commencera une nouvelle vie...

... Sur la fête foraine !